Un peintre réaliste

Pierre Soust est né le 4 août 1928 à Castetnau-Camblong, près d’Oloron (1). Parents béarnais des vallées d’Aspe et d’Ossau, l’artiste revendiquera avec fierté ses origines : grand-père tailleur de pierre, père ouvrier et militant syndical, mère de santé fragile contrainte à faire des ménages. Pas de misérabilisme chez lui, une ambiance familiale chaleureuse, de l’affection et de la rigueur morale. Voué à l’usine, sa tante fera le sacrifice financier de l’envoyer au collège d’Oloron jusqu’à son brevet. Entré petit télégraphiste dans la vie active, en 1942, il est coursier à Paris, en 1944. Le plan Marshall l’embauche pour des travaux herculéens de barrages et de tunnels, en montagne, en 1946. Huit ans de chantiers pénibles entrecoupés par le service militaire. Tunisie, Madagascar, Indochine, il y côtoie des anarchistes espagnols, des Italiens, des Arabes et claque son argent si durement gagné. En 1954, il retrouve Berthe Iguazel, à Oloron. Il l’épouse. Il part à Casablanca chez des parents. Là-bas, le climat est à l’Indépendance. L’insurrection dans la médina dure 5 jours. Soust est pris dans l’explosion d’un bâtiment; il est grièvement brûlé au visage et aux mains. « Sa destinée prit à ce moment une inflexion nouvelle ». Son médecin lui conseille les cours de dessin car il a toujours eu un bon coup de crayon. Là, tout commence. Productions à la mine de plomb, lavis, huiles sur toile. En 1959, Le Prisme, galerie paloise, lui ouvre ses portes. En 1961, des huiles sur le gave, des villages béarnais. Mais il constate son manque de culture et de technique. En 1969, il rencontre Jean-Marie Poumeyrol, un « vrai peintre » et adopte l’acrylique. Le récit de Michèle Heng est éblouissant de justesse sur l’art de cet artiste qui « mettra en exergue l’impact de la matérialité » d’éléments simples, surannés : portes, fenêtres, lieux défraîchis, abandonnés, disloqués; entités symboliques du temps qui passe. Peinture réaliste, hyperréaliste, réaliste fantastique ? Le lecteur choisira. J’ai aimé « les Roses oubliées », « Le Riverain », « L’autre Rive », « Le Nid », « la Galerie au soleil », « Terminus ».

(1) « Soust » – Michèle Heng – Éditions Atlantica – février 2004 – 23 €.

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