A Calavanté, canton de Tournay, un père de famille mordu à la main par un chien hydrophobe eut recours à un empirique d’Astugue, raconte Norbert Rosapelly. La Bigorre n’échappait pas à cette cohorte qui prétendait soigner les maladies des yeux, la teigne, les furoncles, les fièvres, etc. Encore que ceux-là étaient les moins dangereux « n’employant que des simples, des plantes du pays, dont les propriétés plus ou moins énergiques peuvent cependant avoir une certaine efficacité ». Les rebouteux prétendaient remettre à leur place les os luxés ou fracturés. Souvent doués d’une grande adresse manuelle, ils réussissaient à réduire les luxations et les fractures ordinaires, ce qui ne tardait pas à leur faire dans le pays une réputation colossale ». Dans le cas de fractures compliquées, ils causaient souvent la mort des ignorants qui se confiaient à eux ou les laissaient estropiés à vie. Une troisième espèce d’empiriques ne possédaient aucun remèdes et s’adressaient au moral des gens crédules qui venaient les consulter. On pouvait observer de ridicules pratiques de sorcellerie. Ainsi, Rosapelly constatait que sur dix chiens hydrophobes, sept ne l’étaient point. Ces empiriques affirmaient que les individus mordus par des chiens enragés le devenaient forcément eux-mêmes si la dent avait traversé les vêtements. Dans le cas où l’individu, atteint véritablement de la rage, décédait entre ses mains, l’empirique affirmait doctement qu’on s’était adressé trop tard à lui. A Vic-en-Bigorre, le parquet fut informé d’une affaire d’exercice illégal de la médecine. Un jeune homme très mal en point reçut les offres d’un « honorable tire-aiguille » pratiquant les activités de guérisseur aux visites bi-journalières tarifées au prix de 2,50 F l’une. Etendu sur le lit, le guérisseur ordonnait de fermer les yeux, relevait sa chemise sur la tête, promenait l’index et le médius sur la poitrine, les bras et les jambes, et s’écriait, inspiré : « Je tire le mal, le mal vient ! ».De soi-disant brûlures le faisait hurler et trépigner tant…qu’il en usa le parquet. Puis, il allait se laver les mains afin de s’enlever le mal contracté. A suivre…