La jeunesse du Gers sous Vichy

«Le but de ce livre est de démontrer les rapports encadrés entre le gouvernement de Vichy et sa jeunesse» (1). Il est évident que pour les tenants de «Travail, Famille, Patrie», la jeunesse représentait le dernier espoir de voir le Pays se mettre au service de la Révolution nationale. Le 15 juillet 1940, le Parlement remet les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Avec 194000 habitants en 1939, le Gers devient terre d’accueil pour 100000 réfugiés fuyant la poussée allemande. Le nouveau régime veut enseigner à sa jeunesse «la culpabilité de la défaite attribuée à la République». La France a des chefs «vieillis et pourris»; elle doit «redevenir propre, veut guérir et pense à sa jeunesse». L’idéal nouveau est tracé : «Le travail est sacré dans la Révolution nationale, la Famille est la cellule de base, à la Patrie, il faut se donner corps et âme». S’ensuit une description minutieuse du scoutisme et du régime de Vichy, des scouts et guides de France, des éclaireurs et éclaireuses dans le Gers et l’Association catholique de la jeunesse française (ACJF). Puis, sont évoqués le rôle ambigu des Compagnons de France et les «vertes années» des chantiers de jeunesse. Un chapitre est consacré au Service du Travail Obligatoire – témoignages émouvants des requis du STO libérés des chantiers en 1942 – ainsi qu’aux jeunes résistants. Tous les aspects de la vie quotidienne d’une jeunesse rurale ou réfugiée sont traités avec beaucoup de détails fort peu connus. Les acteurs, les lieux, les dates, les motifs personnels ou politiques des divers responsables tissent la trame d’une histoire presque oubliée. Il faut remercier Geneviève Courtès-Bordes de dévoiler finement, par petites touches, le sentiment majoritaire d’une jeunesse «Gersoise» qui s’insurgera contre les traitements indignes réservés aux Juifs et l’idéologie nazie que l’on veut imposer au pays, à partir de 1943. Le divorce avec Vichy sera consommé et la jeunesse prendra le Maquis. Un excellent ouvrage pour notre mémoire collective régionale.

 

(1) «Vichy et la jeunesse du Gers» – Geneviève Courtès-Bordes – Éditions Gascogne – juin 2013 – 20 € TTC.

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