Les palaces de Pau (2)

Renée Mourgues aurait pu évoquer l’agrément de quelques détachements de l’armée d’Arthur Wellesley, marquis de Wellington, poursuivant Jean de Dieu Soult, maréchal de France, en retraite, qui apprécièrent l’accueil chaleureux de la population paloise, en mars 1814. De là, peut-être, l’attirance des Anglais pour la capitale béarnaise ? Mais il fallut qu’en 1842, Alexander Taylor, auteur d’un savant mémoire de climatologie, traitât « De l’influence curative du climat de Pau » pour déclencher l’arrivée d’une petite colonie d’immigrants anglais aisés sinon fortunés. Dans la nuit du 14 au 15 février 1899, le Grand Hôtel préféré de ces dames est victime d’un incendie dévastateur, au plus fort de la saison touristique. Sur le boulevard du Midi, Le Gassion, « nec plus ultra de l’hôtellerie de luxe », édifié sur la bâtisse des anciennes prisons départementales, est acheté par Jean Lafourcade-Camarau, en 1867. Acclamé par 3000 personnes, Adolphe Thiers y fit une halte en août 1874. L’acquéreur a l’ambition du « grand chic ou tout confort : Salles de bains pour messieurs et dames, marbre blanc, mobilier en acajou sculpté et ciré, rideau de soie en dentelle, glaces et miroirs imposants, fauteuils en soie damassée, luminaires gracieux ». Ici, l’on parle anglais, russe, espagnol, portugais, allemand. La construction aura coûté 1160000 F et les aménagements intérieurs 400000 F. Mais le patron ne verra pas toute la mutation. Il décède à 63 ans, en 1880. Vente aux enchères publiques : 1500000 F. Alphonse XIII, roi d’Espagne, Édouard VII, roi d’Angleterre, y ont séjourné, Coco Chanel, impératrice de la haute couture, aussi. L’Hôtel Beau-Séjour affiche : « Beaux appartements pour familles, grands et petits, avec vue sur toute la chaîne des Pyrénées, les coteaux et la vallée du gave. Jardins environnants ». L’Hôtel où l’on ne s’ennuie pas proclamait le slogan. Arnaud Faydits, félibre de Béziers, complimentait en langue d’Oc les stations thermales de Bagnères-de-Bigorre et d’Argelès-Gazost et traitait Beau-Séjour de « bijou qui justifie bien son nom ». Cet ouvrage est un plaisir de découverte.

(1) « L’Âge d’or des palaces de Pau » – Renée Mourgues – Éditions Cairn – 2019 – 20 €

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