Le PDG du groupe de défense américain Northrop Grumann, de passage à Paris, déclare à l’un des rapporteurs à propos du canon Caesar : «Giat fabrique de bons produits, mais ne sait pas les vendre». C’est l’impression que retirent les rapporteurs de leur visite sur les sites de l’industriel. Sans vouloir minorer les responsabilités de la direction de GIAT Industries, les rapporteurs soulignent les graves ambiguïtés présidant à la gestion d’une entreprise dont l’État est à la fois l’unique actionnaire, le principal client et le prescripteur en matière de politique sociale et d’aménagement du territoire. Longtemps repoussée, la création de la société, envisagée dès 1981, sera réalisée dans un contexte de plan de charge totalement bouleversé par la fin de la guerre froide, qui fera diminuer drastiquement les marchés prévus. La société n’est plus adaptée mais le format de l’ancien GIAT est conservé. Il ne prendra pas en compte le nouveau marché de l’armement terrestre. Giat Industries devra faire face à la diminution constante des commandes de matériel militaire depuis la chute du mur de Berlin, le 9 novembre 1989, et la perte des marchés Irakiens, en janvier 1991, après la défaite de Saddam Hussein. L’évolution des menaces a relégué au second plan le char lourd au profit de la mobilité et de la frappe en profondeur. L’hyper-terrorisme commande une adaptation des moyens militaires. La fabrication des chars Leclerc va bientôt s’achever alors que celle du véhicule blindé de combat de l’infanterie (VBCI) n’a pas encore commencé. Dans le domaine des véhicules militaires, c’est essentiellement un marché d’entretien qui, à court terme, s’ouvre pour Giat Industries. Principale production de la société, le char lourd Leclerc devait être commandé en 1400 ex. par l’Armée de Terre française, lorsque les études furent lancées au cours des années 1980. Les nombreux blindés des pays du pacte de Varsovie justifiaient alors l’acquisition d’un nombre important de ce char. La chute du mur de Berlin fera tomber ce chiffre à 650, puis à 406 unités. Simultanément, la décision est prise d’étaler le programme. Le premier char de série est produit, en décembre 1991. À suivre…