29 – L’Arsenal de Tarbes : C’est pas encore les 35 heures !

L’ouvrage le plus urgent à réaliser est l’établissement d’une voie ferrée qui reliera tous les bâtiments et son raccordement à la ligne du Chemin de fer du Midi. Des quais seront établis pour faciliter le chargement et le déchargement des matières. Le Directeur a compris, très tôt, que la fabrication du canon à balles n’a plus d’avenir, combattu qu’il est par un État-major rancunier et tenu trop longtemps à l’écart par l’Empereur, aujourd’hui destitué. La nouvelle mode est au canon de 7, modifié par le Colonel, et dont la précision des tirs a enthousiasmé deux présidents de la République : Adolphe Thiers, à Trouville et le maréchal de Mac-Mahon venu à Tarbes, le 11 août 1873, accompagné par son ministre de la Guerre, le général du Barail. Le mémoire relatif à la fabrication de 4700 gargousses pour canons de 7, du 10 septembre au 31 décembre 1872, est favorablement accueilli. Elle comprend la confection de la gargousse vide, le chargement de la douille et l’emplombage du projectile. L’atelier des gargousses vides exige un outillage spécial qui n’a aucun rapport avec celui de l’usinage des canons. Il est dirigé par Bunel, contremaître général, qui est chargé également de la fabrication des cartouches des canons à balles. Le Colonel l’a, sous ses ordres, depuis dix ans et décrète que l’habileté de cet homme, dans la fabrication spéciale qu’il dirige, est sans égale. Il est payé au mois ainsi que son chef d’équipe chargé de l’outillage. Le Directeur estime que le travail des employés ne doit pas être décompté par heures car la surveillance doit être incessante, les outils toujours prêts et l’usine ne doit pas chômer : «par suite de la rupture de quelque organe». Aussi, les employés sont payés au mois avec une servitude de taille : ils doivent tout leur temps aux exigences de la fabrication et, en cas d’urgence, ils travailleront de jour comme de nuit, les jours ordinaires comme les jours fériés, sans avoir droit au paiement d’heures supplémentaires. C’est à l’acceptation de ces conditions que l’on peut qualifier de drastiques, que la pérennité de l’Arsenal fut assurée. Cette production stratégique assura la prospérité de l’établissement bigourdan. À suivre… 

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