20 – L’Arsenal de Tarbes : La spéculation est à craindre

Le lecteur peut s’étonner de maintenir le terme Arsenal pour Atelier de Construction. Il y a une raison qui, jusqu’à présent, n’a pas été expliquée. Depuis l’origine, les Tarbais usent de cette terminologie. C’est le lieutenant-colonel, lui-même, qui l’emploie dans les conversations privées et, même, nous l’avons retrouvée dans deux courriers officiels : «Cependant je crois qu’il y aurait intérêt à acheter les terrains qui bornent notre Arsenal…» et «Les travaux que je vais entreprendre pour la réparation des digues de l’Arsenal». L’Arsenal est pour lui sa création, son grand dessein. La population de la ville lui emboîtera le pas et citera, à tout propos, «son» Arsenal. Les premiers terrains de la nouvelle entreprise sont achetés au baron Charles de Clarac, à madame la comtesse de Galard, aux enfants mineurs du baron de Marignan et aux sieurs Campagnole, Mercé et Mothe qui ont signé la promesse de vente. Du fait de la minorité des enfants De Marignan, la vente ne peut se réaliser qu’aux enchères publiques. Or, De Reffye craint beaucoup la surenchère d’un spéculateur sur le prix de 10000 F l’hectare estimé par l’État. Dans une lettre au Ministre où il exprime ses craintes, il lui rappelle : «Dans quelque temps ces terrains augmenteront de valeur. Nos usines vont occuper un grand nombre d’ouvriers mécaniciens dont la plus grande partie émigrée de l’Alsace. Il y aurait intérêt à fixer cette population industrielle, laborieuse et tranquille et le meilleur moyen d’y parvenir c’est d’assurer leur bien-être et de les sauvegarder contre l’exploitation des spéculateurs. Je proposerai donc d’élever en bordure, sur la route Tarbes-Vic-en-Bigorre, des habitations pour une cinquantaine de familles d’ouvriers et pour nos employés». La surface de terrain nécessaire est de 6 hectares et coûte, environ, 50000 F. La jouissance de ces maisons et celle d’un petit jardin attenant seraient données moyennant une diminution de leur salaire librement consentie. Ainsi, l’État rentrerait dans ses débours et le terrain pourrait être repris pour le besoin d’une extension. Le mur de clôture, sur l’avenue des Forges, sera percé de 3 portes et 1 pavillon pour concierge. À suivre…

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