La médecine générale d’autrefois

Médecin généraliste de 1952 à 1989, à Mugron (Landes), Jean-Claude Mouchès est un observateur sagace de ses patients. L’ironie est là : «À tous les guérisseurs, rebouteux, radiesthésistes, sorciers, sourciers, thaumaturges, porteurs et toucheurs de zona, exorcistes, charlatans…que je remercie pour m’avoir débarrassé de quelques personnages encombrants et obtenus parfois quelques succès thérapeutiques, imprévus». À 26 ans, il ouvre sa première consultation, le 1er juillet 1952. La deuxième guerre mondiale «pèse encore dans les corps et les cœurs». Population agricole, les fermes sont insalubres, pas d’eau courante et le puits dans la cour sert à tout : boisson, toilette, lessive, arrosage. Les jours de pluie, il faut se munir de bottes en caoutchouc pour accéder à ces demeures. La médecine «palpatoire» trouve «le souffle cardiaque ténu mais suspect, le frottement avant-coureur de la pleurésie, le crépitement de la pneumonie ou le râle humide de la bronchite». Il faut endosser la blouse du pédiatre, gynécologue, dermato, otorhino, gastro-entérologue, même psychiatre en première intention, en attendant les vrais spécialistes. Les sulfamides sont utilisés avec un certain succès mais ils n’ont pas l’efficacité des antibiotiques. La protection sociale débute, les gens de la terre règlent les honoraires en produits de la ferme. Le cancer est déjà omniprésent : à l’estomac, intestin, sein, poumon ; les ulcères gastriques et l’abominable poliomyélite, diphtérie, typhoïde, tétanos, syphilis et blennorragie sans compter les septicémies et maladies de l’enfance. Pendant la 2e décennie, les choses vont mieux. Les infirmières et infirmiers assurent les injections intramusculaires et les perfusions. Les vitamines et les hormones sont déjà utilisées. La 3e décennie est plus technique. Le terrible sida et les néoviroses apparaissent. Les anecdotes truculentes parsèment le récit. Trente ans plus tard que reste-il ? Une grande estime pour ses confrères et une tendresse infinie pour le genre humain. Un petit «Essai» épatant pour notre  mémoire collective.

(1) «Les Trente Glorieuses de la médecine générale» – 54 pages – Jean-Claude Mouchès – Éditions Gascogne – juin 2016 – 8 €.

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