La fin du cauchemar

En 1918, le 11e jour du 11e mois, à 11 heures du matin, l’Armistice entrait en vigueur (1). Rémy Cazals, un des tout meilleurs historiens de la Grande Guerre, présente 110 témoignages de ce jour d’armistice. Rappel de l’historique du 18e RI de Pau qui a fourni une liste de 3198 morts pendant la période 1914-1918. En un seul jour, à Allemant (Aisne), 53 morts ! Effrayant… Ce 11 novembre 1918, «il faut les imaginer dans les tranchées, ces milliers de fantassins, en compagnie  des poux et des rats, sous les obus et les torpilles, se ruant à l’assaut sous les balles de mitrailleuses». La bonne nouvelle tombe mais ils n’y croient pas. C’est une blague de plus… Forcément. L’information arrive de partout : d’un sergent, d’un capitaine, d’un copain de lutte. L’auteur a exploité les centaines de lettres écrites avec les fautes d’orthographe de Poilus sortis de l’école primaire d’avant 1914. Elles relatent ce sentiment de sidération qui a saisi les compagnies, les prisonniers de guerre, blessés, convalescents, malades, la grippe espagnole est là. Pour d’autres, direction le sud de la Russie, à Odessa, jusqu’en juillet 1919. Chronologie des combats de juillet à novembre 1918, cartes. Les témoignages des fantassins sont divers, émouvants, poignants. Cette guerre industrielle où le fusil à baïonnette est devenu dérisoire, il faudra mourir par la mitrailleuse, le canon, les gaz, les tanks ou les avions. Ce dernier jour, «le canon ne tonnera plus, ce qui est le plus essentiel». Dans les tranchées, la nouvelle a été accueillie «avec un calme impressionnant» et tranche avec la joie délirante de l’arrière. L’Autriche a capitulé, «on va vivre fiévreusement ces heures mais nous espérons que ces sales Boches se décideront à signer». Ici, les voitures et canons de l’artillerie et du génie sont décamouflés. Les journaux sont captivants pour les soldats, à l’arrière. Dans les villages martyrs, les cloches sonnent aussi à toute volée depuis 11 heures. Il faut remercier l’auteur et les Éditions Privat pour cet ouvrage de témoignages nombreux, admirables. Les Poilus sont à l’honneur pour l’éternité.

  1. «La fin du cauchemar – 11 novembre 1918» – Rémy Cazals – Éditions Privat – 2018 – 17 €.

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