28 – Aux Pyrénées : Gavarnie

Léon Richard décrit son admiration pour le triple sommet du pic d’Allanz «qui possède sans contredit l’un des cônes les plus pittoresques que nous ayons encore vus». Le groupe marche en silence, les yeux toujours fixés sur un «cintre de montagnes couvertes de neiges amoncelées par les siècles et de glaciers électriques où se forment la foudre et les orages… Que voisins de l’abîme du néant, nous allons toucher l’un des pôles de l’univers… Un murmure harmonieux se fait entendre : c’est l’orchestre de Gavarnie». Le voyageur a vu les torrents échappés de leurs sources voisines qui se réunissent dans de grands canaux de marbre pour faire leur entrée dans le vallon. Il est frappé par l’amphithéâtre de Gavarnie et, avant de franchir le pont, il cherche la cascade d’Ossonne qu’il a sous les yeux. Traversé le pont et le village d’où il ne voit rien «on passe entre deux môles d’où l’on voit tout. Ce monument de la seule nature, et tel que tous les cirques des Romains réunis aux pyramides d’Égypte n’en formeraient que les moindres accessoires, est surmonté par la pointe ou le château de Marboré». Il dit de ce dernier : «On croirait que les Pyrénées étaient achevées lorsqu’il fut fait. Il ressemble tantôt à de véritables édifices, tantôt à des ruines antiques». Et de le qualifier de Mont-Blanc des Pyrénées. Il l’imaginait remparts, terrasses, parterres ; il le voit, alors, comme un kiosque coiffé de gros nuages, une tour environnée de ruines, les restes d’un vieux château. Mais quel est le maître de ce domaine aérien ? Il reconnaît dans les bas-fonds qui séparent l’amphithéâtre, les bassins ruinés de trois anciens lacs nommés «oules» (marmites) par les autochtones. Arrivé sur la digue, il estime le diamètre de la convexité à 550 toises (1072 m) et la circonférence de l’amphithéâtre à 1800 toises (3508 m). L’erreur visuelle de notre voyageur était grande puisque, vue du satellite, la muraille est haute de 1500 m et la circonférence de 6,5 km. Néanmoins son témoignage est toujours précis : petits pins enracinés entre les fentes des rocs, tiges d’iris dont les fleurs d’un bleu foncé conviennent à l’imposante austérité de cette âpre et vaste solitude. À suivre…

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