24 – Aux Pyrénées : Le Pont d’Espagne

Léon Richard a vu les poutres parallèles du pont pastoral perché à 18 mètres. Effrayé, il l’a traversé tout de même comme on traverse un «effrayant abîme». Placé au-dessous du pont, sur un rocher cassé, il s’avance dans le lit du torrent et perçoit la magnificence de la scène. «Le torrent gronde et s’élance entre de beaux arbres qui décorent l’entrée du pont, le pont lui-même, l’ouvrage si fragile, ce bruit, ce fracas, cette blancheur éblouissante de l’eau qui se précipite, ce mouvement sans fin, cet éclat, cette roche sombre et rembrunie». Il s’effraie, son âme s’élève. Le voyageur quitte le Pont d’Espagne par la vallée, à gauche, le groupe gagne en une heure le lac de Gaube. Il souffre des pieds qui reposent sur des blocs de granit éboulés. «Les montagnes qui accompagnent cette marche sont toujours déchirées et nous menacent de leurs ruines pendantes». Une halte seulement fut observée sous l’épais ombrage d’un sapin. Des flocons de mousse, en forme de chevelure, pendaient aux plus petits rameaux des branches. «Cette chevelure traînante, d’une apparence négligée, d’une couleur blonde, faisait un singulier contraste avec le ton vigoureux de l’arbre qu’elle décorait». Le groupe se rapproche des montagnes couvertes de neige. Le bassin s’élargit et l’on aperçoit un enfoncement considérable d’une forme arrondie et d’un sol assez aplani. C’était un ancien lac qui avait rompu ses digues. Le gave serpentait paisiblement et il ne paraissait plus qu’un faible ruisseau. Après avoir gravi une légère éminence, une plaine d’eau apparaît aux regards des marcheurs. Au milieu de monts escarpés, le lac de Gaube présente un beau spectacle. On est frappé de voir une telle masse d’eau à une telle hauteur. Pour mieux l’observer, le groupe se place sur un promontoire. De là, les regards plongent dans le bassin dont on ne voit pas le fond. Vaste réservoir d’une eau parfaitement limpide. Une longue gorge est creusée par un torrent entre deux montagnes. Le voyageur se régalera de bonnes truites que le nautonier du lac «n’apprête pas trop mal». À présent, il faut envisager 2,30 heures de marche à travers des rochers, de la neige et des glaciers pour gagner le Vignemale. À suivre…

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